le coeur est polygame

Premier jour à l’université. Je serrais la bandoulière de mon sac à m’en faire rougir les mains. Je me sentais un peu comme un poisson hors de l’eau. Paris m’impressionnait. Cette école m’impressionnait. Et pourtant je ne pouvais m’empêcher de penser que j’étais ici à ma place. Paradoxal je le savais, mais j’étais ainsi. Mon cerveau ne cessait de rentrer en ébullition à chaque conversation entre étudiants qui parvenait jusqu’à mes oreilles. J’avais hâte d’avoir leur expérience pour pouvoir à mon tour paraître aussi passionnée et sûre de moi. Rapidement, en marchant dans le couloir sensé me guider vers les portes de l’amphithéâtre pour les premiers années, un sourire se percha sur mes lèvres. J’oubliais ma hantise de me perdre, ma hantise de ne pas être à la hauteur, mais aussi celle d’être déçue par l’archéologie. Et si finalement les histoires de papa m’avaient induites en erreur ? C’est en remettant en cause pour la énième  fois ma présence ici que je me frayais un chemin à travers les gradins, je m’installais à la première place libre et patientais.

Quelques minutes après, la présentation commença. Je fus enfin sûre de moi. L’archéologie était forcément ma voix. Je buvais les paroles du maître du conférence occultant toute présence autour de moi. J’attrapais machinalement dans mon sac un petit carnet, prête à prendre des notes. J’étais tellement bien sur mon petit nuage que j’en oubliais même de faire attention aux autres autour de moi. Un « hé fais attention » me força à tourner la tête vers la voix. Mes yeux se posèrent sur un visage plutôt charmant, rassurant même. Un regard envoutant pour un faciès espiègle qui me surpris m’empêchant alors de prononcer le moindre mot. Ce qui ne fut pas le cas de mon voisin.
« Avoir d’aussi jolis yeux et ne pas s’en servir correctement. », je sentis le rose me monter aux lèvres. Je n’étais pas d’un naturel belliqueux, mais il n’en fallait vraiment pas beaucoup pour faire réagir la susceptible qui vivait en moi. « Laisses-moi deviner… Futur conservateur aigri au fin fond de son musée ? » J’avoue j’étais fière de moi, et pourtant je me sentais aussi très ridicule. Une sensation qui s’intensifia lorsque je le vis me sourire. Se moquait-il ouvertement de moi ? J’étais prête à continuer sur le même ton, bien décidée à ce que cette journée reste parfaite, mais des formulaires nous parvinrent ce qui coupa court à toute mon inspiration. Ce qui était tant mieux, j’en avais déjà trop fait.

Je portais alors mon attention sur les papiers. Il s’agissait, déjà, de choisir nos options et nos parcours. Aucun doute ne se faisait pour moi. Je voulais être une archéologue pure avec une spécialisation dans l’Egypte ancienne, je n’avais plus qu’à faire les bon choix. J’inscrivais mon nom et mon prénom en haut de la feuille lorsque cette voix me titilla encore. « Cassandre… laisse-moi deviner, future anthropologue déconnectée de la Grèce antique ? » C’est qu’il avait de l’humour en plus. C’était bien ma veine. Je laissais un soupir s’échapper pour lui répondre sans détacher mon regard de mon formulaire. « Egyptologue. »  Je l’entendis émettre un rire discret à côté de moi ce qui me força à le regarder. « On sera amené à se revoir alors. » Je fis la moue, pas très emballée à cette idée. « Alexandre. »


De passage à la Bibliotheca Alexandrina dans la grande Alexandrie nous avions tous deux décidés que pendant que je passerais mon temps à travers les ouvrages pour peaufiner ma thèse, Alexandre irait sur le terrain. Nous devions nous séparer que quelques jours. L’idée était simple, je ramenais des informations théoriques sur les pyramides en tentant de dénicher des ouvrages anciens et authentiques pendant que Alexandre allait à la conquête de clichés et de preuves bien réelles. Malgré toutes les précautions qu’il était désormais possible de prendre la seule pensée des scorpions dans l’ombre d’une pierre me donnait de l’urticaire, d’où mon désir de rester à Alexandrie. J’étais tellement accaparée par mes traduction et ma passion que l’inquiétude ne m’envahit pas un seul instant. J’étais persuadée que tout se passait à merveilles pour Alexandre et qu’il reviendrait chargé d’anecdotes. Sauf que rien ne se passa comme prévu.

Au bout des trois jours, l’expédition revient, c’est là que le couperet tomba. L’effectif avait été au moins réduit de moitié et jamais mes yeux ne se posèrent sur le visage rassurant de mon époux. Je me précipitais alors vers les autres sentant la peur prendre possession de mon esprit tout en me rassurant, Alexandre avait très certainement allongé son temps de séjour près des pyramides. Aventurier et curieux comme il était, il n’y avait pas s’inquiéter. Cependant, lorsque je fus proche des autres participants à l’expédition leurs visages fermés poussèrent mon coeur à s’emballer.

« Où est Alexandre ? Où sont les autres ? » Aucune réponse ne me parvient. Maintenant que j’y regardais de plus près ils semblaient avoir les yeux rougis par les pleurs. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » C’est alors qu’un seul osa prendre la parole. C’était un professeur venu là pour encadrer le stage. Il me dit droit dans les yeux et posant une main réconfortante sur mon épaule.
« Je suis désolé Cassandre… Ils ont disparu dès le premier jour. Il n’y plus aucune trace d’eux. Alexandre étaient parmi eux. L’enquête est ouverte, ils te contacteront avant ton départ. » 
« Ce ce… n’est pas possible. » peinais-je à articuler sentant les sanglots envahir ma gorge. « Mais comment est-ce arrivé ? Ils sont sûrement là bas. Il va revenir. Oui il va revenir. »

Mon monde s’écroula. Les mots du professeur résonnèrent des heures et des heures dans ma tête. Devenue un véritable zombie, ils durent me raccompagner jusqu’à ma chambre d’hôtel, si bien que j’étais restée prostrée assise sur le lit de ma chambre à revivre en boucle cette conversation.
Le chaos était devenu maître en mon esprit. Je ne pouvais imaginer ma vie sans Alexandre, ni même imaginer que cela puisse être vrai. Cela ne pouvait pas être vrai. Cela n’existait plus les disparitions dans les pyramides. Ce n’était qu’une mauvaise blague. Ils s’étaient juste un peu trop éloignés et demain nous allions tous rire en apprenant la bonne nouvelle de leur retour. J’allais pouvoir serrer dans mes bras mon Alexandre. Nous rentrerions en France à la fin de la semaine. Nous retournerions dans notre chez nous. Nous passerons nos diplômes avec succès. Et nous repenserons à ce moment de malaise avec le sourire aux lèvres tout envisageant notre futur sereinement. Pourquoi pas parler d’enfants ? Alexandre était mon âme soeur, celui qui me fallait, la question ne posait plus. Oui il serait le père de mes enfants, je l’avais toujours su. Mais pour ça il fallait qu’il rentre. Oui il allait rentrer… Il allait rentrer mon Alexandre.

  

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Hé oui ! On voudrait bien savoir comment tu écris. Tu peux écrire un RP libre si tu veux, ou bien demander un contexte personnalisé. Dans un cas comme dans l'autre, n'oublie pas : tu dois bien coller au contexte, et écrire au minimum les 15 lignes demandées, c'est-à-dire environ 450 mots. Le test RP se déroulera directement dans la zone de jeu, comme ça tu inaugureras ton petit personnage directement et tu rentreras dans la danse sans attendre o/