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 isaac △ ne craignez pas les occasions et cherchez les aventures (dumas)

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MessageSujet: isaac △ ne craignez pas les occasions et cherchez les aventures (dumas)   isaac △ ne craignez pas les occasions et cherchez les aventures (dumas) EmptyLun 29 Déc - 2:45


“ Jean Alexis Isaac Versondre ”

les aventures terribles font croire que celui à qui elles sont arrivées est lui-même quelqu'un de terrible. (nietzsche)


“introduction”
Je m'appelle Isaac Versondre. J'ai 45 ans. Je suis né le 12 mai à Paris (France). Avant d'arriver ici, j'étais chercheur et professeur d'université, en médecine. Oblivion, pour moi, c'est un nouveau terrain de jeu. Malgré l'absence de ma femme et l'inquiétude de ne retrouver ni sa fille, ni sa sœur, force m'est d'avouer que cette nouvelle aventure me séduit.


¤¤¤


Comptine pour les petits garçons qui ne savent pas où placer l'épinglette « maison » sur la mappemonde National Geographic que leur a acheté papa :    

Avoir un, deux, trois, huit ans en Europe, faire le voyage Athènes-Paris les étés. Lire Stevenson, penser qu’il n’existe pas pire ennemi que Long John Silver et pas d’autre vocation que l’aventure. Se bander un oeil, s’armer d’un tisonnier, courir explorer les hautes herbes qui foisonnent dans le fond du jardin, chez Opa. Reviens, s’inquiète maman, lorsqu’elle perd des yeux le bout de ton mousquet imaginaire. Poté ! tes petits pieds martèlent le sol, tu hoquètes fièrement ton refus en grec. Le monde est un grand terrain de jeu où tu n’as encore connu ni les barrières de la langue ni celles de la nation. Cours, cours. Maman attendra.

Avoir douze ans entre Bangkok et Bali, dans un train, dans un bateau, à la découverte de l’Asie avec papa. Un jour, tu seras médecin toi aussi, promets papa entre deux trains. Rêver des extrémités de cet étrange continent, de Bagdad et de Kyoto, de Shanghai, de l’Everest. Reviens, se hâte maman au téléphone. Derrière elle, tu entends les cris et les pleurs d’un petit frère qui n’attend que ton retour. Kabhī nahīm̐! cries-tu, par-dessus l’interférence qui obstrue l’appel. Patience, chère mère, j’ai encore le monde à découvrir.

Avoir dix-sept ans au Maghreb, être seul face au monde pour la première fois, Montesquieu et Chinua Achebe dans les poches. Traverser Nairobi, le Congo, atteindre le Sénégal, lorgner Madagascar, finir à le Cap, songer à l’université. Réaliser pour la première fois le trou béant dans son ventre. Se demander quel genre de maison peut le combler. Reviens, s’emporte maman, furieuse lorsqu’elle n’a pas de tes nouvelles pendant plus de deux jours. Jamais (cette fois-ci c’est une promesse). Vaciller entre médecine et voyage. Choisir l’aventure du corps humain.

Avoir vingt ans en Amérique et marcher dans les pas de Kerouac. Constater comme lui que « plus personne ne s’y amuse, ou n’y croit en rien, particulièrement en la liberté ». Entendre, avec le décalage horaire, les pleurs plaintifs de maman. Reviens ici, implore-t-elle. Jamais ! ton cri résonne, onde d’outremer.

Avoir deux ans de plus en Océanie, tomber en amour pour la première fois. Réaliser que les femmes sont de larges territoires, farouches et inexplorés. Avoir vingt-deux ans et mal dormir. Avoir vingt-deux ans et prendre la fuite. Reviens, murmure maman. La queue entre les jambes, tu n’as plus de langues dans lesquelles couiner jamais.

L’âge que l’on a lorsque l’on revient au bercail n’est plus important. Avoir trente ans. Mal dormir chez soi. Avoir trente-cinq ans. Rencontrer la femme de sa vie pendant qu’elle dort. Mal dormir seul. Devenir presque vieux. Épouser la femme de sa vie. Dormir confortablement pour ce qu’on pense être le reste de ses jours. Reviens, appelle calmement maman. Elle n’a plus à crier. Avoir quarante ans et trouver enfin le temps perdu de lire Proust. Bien s’endormir et même rapidement.

Avoir quarante-cinq ans et rencontrer James McAllister. Entendre les échos lointains de Long John Silver pour la première fois depuis longtemps. Retrouver, dans un tiroir chez maman, le vieux bandeau qui bandait autrefois l’oeil d’un jeune pirate qui criait Poté ! à sa mère lorsque le repas du soir arrivait trop vite. Sentir s’élever un vent, une clameur, voir tourbillonner feuilles et bouillonner marées. L’aventure. Songer avec parcimonie que l’on n’a jamais visité Gizeh. Partir. Partir. Partir. Maman, qui se fait vieille, ne demande même plus avec ses yeux. Tu reviendras quand tu pourras, mon fils, je t’attendrai. Réaliser le rêve de Magellan et prendre un pas là où personne ne l’a fait avant. Partir.


inébranlable - sage - confiant - altruiste - réaliste - orgueilleux - a l'âme voyageuse - opportuniste - curieux
→ it's just i have this problem where i want to be everywhere i'm not : s'il y a bien un lieu qui est inconnu à Isaac, c'est celui du « home sweet home » que l'on peut apercevoir chez votre grand-mère, brodé en rose sur un canevas de tissu, ou bien dont on entend parler, dans les récits d'aventure américains... Isaac a l'âme et le corps voyageurs—il a toujours été en mouvement, en quête de l'aventure, de l'ailleurs. Il croyait, après son mariage à Athénaïs, devoir renoncer à cette large part d'âme, mais Oblivion lui a montré le contraire.

→ Si j'étais un animal : un chamois
→ Si j'étais une plante : un séquoïa
→ Si j'étais une merveille : le Colosse de Rhodes
→ Si j'étais une couleur : le safran


“ que cesse la mascarade ”

parce qu'on sait que tu es un lutin maléfique


je suis chichi, j'ai 20 ans, je suis de la sorte des êtres humains qui dans les stéréotypes ont les cheveux longs et la poitrine opulente, j'ai horreur des lettres majuscules, ma syntaxe est boîteuse, j'aime tout sauf le ketchup et le chiens.






“ Escapism ”

la fenêtre donne sur un mur, en haut ce n'est pas le ciel, en bas ce n'est pas la cour, au loin ce n'est pas la mer, ce n'est pas la mer. devrais-je partir ou bien rester ? devrais-je enfin tout laisser tomber ? (jean leloup)
test rp



Cet anxieux état ne lui est toujours venu qu'en vagues, comme l'amour que l'on ressent pour ses parents après qu'ils nous aient appris une nouvelle décevante, ou bien simplement lorsque l'on a quinze ans. La mer, en s'amenant, l'appelle : viens, suis-moi, il y a encore tant de choses à voir... Mais avec le ressac revient le sable, la plage humide où ses pas, indélébiles, ont avec les années rejoint ceux d'Athénaïs dans une longue marche que l'on appelle, dans nos sociétés occidentales, le mariage. Reste, disent les orteils, imprimés dans le sable. Et toujours, depuis qu'il lui a promis, à elle, celle qui a tout changé, il reste.

Peut-être que l'appel de la mer, du ciel, de l'ailleurs, ne lui viendra plus jamais. C'est bien cela la partie la plus effrayante, pour un Versondre, du petit anneau qu'il porte toujours à l'annulaire gauche.

Mardi après-midi, jour de congé, délaissant la pile effarante de copies qui jonchent son bureau, Isaac joue au patriarche aigri, recomposant avec Buddy Kesler, son stagiaire, un circuit électrique pour voitures miniatures qu'on lui a offert, enfant.  Lorsqu'on ne sait pas jouer ou qu'on ne fait pas assez attention, les petites voitures dérapent dans les tournants et volent contre le mur, où elles s'écrasent. Autrefois, Buddy ne vivait, en bon toutou, que pour ces moments où Isaac disait « allez, on prend une pause, on va jouer avec les petites voitures. » Mais depuis l'année dernière, depuis son accident, Buddy n'est plus le même, et tout d'un coup, Isaac réalise à quel point il est insensible d'avoir convaincu, autour d'une salade-repas, son assistant, son compagnon de recherche, de passer l'après-midi à revivre, en miniature, l'accident qui lui a enlevé sa soeur—et peut-être même la perspective de devenir, dans un avenir rapproché, chirurgien de pointe. Buddy, assis en tailleur sur le sol, fait nerveusement tourner entre ses doigts les roues d'une des petites voitures, et de temps à autres, il passe une main derrière son cou, effleurant (Isaac le voit) la large cicatrice que lui a laissé sa mésaventure automobile. Peinant à ne pas s'asséner un coup dans le front d'avoir été si imbécile, Isaac se lève et invite Buddy à faire de même.

ISAAC— allez, on change de jeu. on a des corrections à faire.

Buddy ne dit rien mais ses yeux remercient Isaac d'un éclat soudain brillant. Il  replace ses lunettes sur son nez et, alors qu'ils se dirigent vers le bureau, le téléphone de la maison Versondre sonne.

BUDDY— t'en fais pas, je l'ai !
ISAAC— d'accord, mais si c'est ma femme, dis lui bien que je lui interdis de te faire des avances.

Leurs chemins se séparent et Isaac, alors qu'il s'installe à son bureau, entend Buddy décrocher le téléphone dans la cuisine, et sa voix sautillante répondre, demander qui est à l'appareil. Les rires qui suivent habituellement lorsque c'est Athénaïs ne se font pas suivre. En père inquiet, Isaac tend l'oreille. Celui que sa femme et lui traitent comme leur fils, surtout depuis que la fille d'Athénaïs a disparu sans laisser de traces, entre dans la pièce et tend le combiné à Isaac.

BUDDY— c'est Sacramento.
ISAAC— Sacramento ?

Le professeur, chirurgien et chercheur émérite fronce les sourcils comme s'il se demandait si Sacramento est une marque de pommes ou une épice étrange que mangent les fakirs lorsqu'ils ont mal aux pieds. Il prend le combiné que lui tend Buddy et s'assoit sur son bureau, alors que son assistant se saisit des copies à corriger et s'installe derrière, dans l'espace qu'Athénaïs et Isaac lui ont amménagé pour qu'il n'ait pas à s'encombrer de tout son travail versondre-ien chez lui. Il fait mine de chercher des stylos rouges dans les tiroirs, mais Isaac sait bien que Buddy a les deux yeux rivés sur lui. Sacramento. Qu'est-il donc arrivé à Sacramento pour qu'on veuille prévenir Isaac Versondre ?

ISAAC— Isaac Versondre à l'appareil.
MCALLISTER— monsieur Versondre ? James McAllister. Je vous appelle de l'université de Sacramento. Je me demandais si vous étiez familier avec le nom Artemisia Kaligaris.


La réception des ondes sonores composant ce nom pourtant musical déclenche chez Versondre un frisson glacial et douloureux, qui lui parcourt l'échine et s'étend jusqu'aux terminaisons nerveuses. Ce nom, il l'a côtoyé tous les jours depuis qu'il a fait la rencontre d'Athénaïs, endormie—il a vu ce nom et le visage qui l'accompagnent en photo, il a entendu ce nom au téléphone, il l'a vu sur des papiers, des lettres, des certificats de l'école... Quelque part au fond d'Isaac Versondre, au fond d'un large océan endormi depuis des lustres, deux plaques tectoniques s'éveillent, s'étirent, grondent. Le tsunami n'est pas très loin.

***


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