“ histoire ”
La liberté désirée est devenue effrayante
Stonehenge. Un monument vieux de milliers d’années, mystérieux à en espérer que son utilité était extraterrestre. Ce n’était, toutefois, pas les termes du guide animateur exposant les véritables faits sur ce monument immémorial à une classe d’adolescents ayant la bougeotte. Pour certains, ce voyage de classe de trois jours était une aubaine. Pour d’autres, dont notre cher Edward William Gates, ce voyage était d’un ennui mortel. Il détestait les cours d’histoire. « Pourquoi étudier des pierres » songeait-il pour la énième fois depuis leur arrivée sur le site ce matin ?
À la pause du midi, Ned et son petit groupe d’amis se dirigèrent vers le gigantesque monument sans que leur professeur ne les voie et, en ce sens, leur pose des questions sur leurs desseins près du monument célèbre. Ils parlèrent et ricanèrent bruyamment. Certains se prirent d’envie pour quelques photos. Donc, les scènes rocambolesques, drôles et stupides pulluleront certainement bientôt sur les babillards de l’école. Carolyn, la petite amie d’Edward, accompagnait aussi le groupe. À un moment, les deux adolescents s’éloignèrent des autres. Ils se dirigèrent dangereusement vers le centre de Stonhenge. Dansant et rigolant comme un idiot, le jeune homme racontait de biens pires idioties qu’il en faisait.
- Ned ! Attends, on ne peut pas aller sur les pierres.
- Tant que Madame Wilkerson ne le sait pas … Et puis, quand est-ce qu’elle a vu quelque chose dis-moi ? Viens, je vais te prendre en photo.
Fit-il vantard comme jamais prenant l’appareil photo des mains de Carolyn et l’incitant à s’asseoir sur la pierre au centre du monument. Et la séance commença. Entre les poses cocasses qu’Edward prenait en tant que « photographe » et les petits rires de Carolyn, nos deux jeunes gens s’amusaient très bien. La jeune fille était magnifique tant ses yeux brillaient de malice et de bonté. Ses longs cheveux roux allaient dans le vent de la plaine. Ils revenaient pour barrer ses yeux, mais pour Edward c’était encore une photo réussie. Carolyn était belle en toute circonstance. À un moment, on échangea les rôles et Edward s’amusait à se prendre pour Superman puis, monsieur muscles et même une dame « un peu trop » sexy. Carolyn riait tellement qu’on dut se reprendre à plusieurs fois pour certaines photos. Sur la pierre du centre, Edward eut la brillante idée de sauter par derrière pour que Carolyn le prenne dans l’action. C’était là que le pire se produisit.
- Neeeeeddd !!!
Entendit-il Carolyn crier sans comprendre pourquoi de prime abord jusqu’au moment où il se retrouva complètement seul. Il se mit à crier, à hurler le nom de Carolyn. Ce n’était pas drôle ! Où se cachait-elle ? Il courut au bas de la pierre et s’aperçut alors que Stonehenge était entourée d’une épaisse et dense forêt. Non. D’une jungle. Levant les yeux vers le ciel, il était éclairci et il faisait chaud. Très chaud. L’humidité était à son comble alors qu’on était au mois de mars.
- Mais … Où je suis ? C’est quoi cette blague ? Eh ! Sortez de vos cachettes ! Ce n’est pas drôle !
Laissa-il entendre à peu importe qui se trouvait dans le coin. Même Madame Wilkerson tiens. Même son père, ses sœurs, sa belle-mère. Il eut un pincement au cœur. Perdu ? Il était perdu. Un grognement se fit entendre soudainement. Faisant face à ce nouveau maléfice, Ned vit une meute de loups. Il eut une inspiration de peur et courut vers la forêt. Il courut vite, le plus vite possible. Il avait chaud avec son manteau en cuir noir sur le dos. La forêt ressemblait à un labyrinthe et plus souvent qu’à son tour Ned se cognait dans une souche ou une branche basse. Donc, rapidement les loups gagnèrent du terrain jusqu’à le rattraper. SCRATCH ! Il avait regardé en arrière, vers les loups, un instant pour manquer de se prendre un arbre de plein fouet. Son avant-bras droit s’égratigna douloureusement. Puis, un son sourd … Une flèche vint subitement se planter devant les loups qui les désorganisèrent et les fit fuir. Ce n’était pas tout, car une horde d’hommes habillés de fourrures ou de cuir, parfois même des deux, sortirent de derrière les arbres. Ned perdit pied et tomba à la renverse n’ayant plus aucune force ni physique ni mentale. On beuglait des ordres dans une langue inconnue de la sienne.
- Attends, je vais t’aider. Tu es un perdu de la jungle. Laisse-nous t’aider.
La voix venait d’une jeune femme habillée de peaux et de cuirs tels les autres hommes, mais qui parlait en anglais. Éberlué, Ned ne put rien dire. Il réussit seulement à accepter la main tendue par la dite demoiselle aux yeux noirs perçants et à la longue chevelure de jais. Elle était magnifique. Il en resta bouche bée.
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Edward Gates était finalement arrivé au village qu’habitaient ses sauveurs si on pouvait les appeler ainsi. Il ne discutait qu’avec la jolie noire seule personne parlant sa langue. Il comprit être en Oblivion une terre loin de celle qu’il connaissait soit le pays de ses hôtes : les Chieresques. On le laissait se reposer, mais il ne dormait que par à coup n’ayant que de pensées pour ses proches … Carolyn. Elle devait être morte de peur pour lui. Il essayait d’expliquer à la belle noire s’il pouvait retourner chez lui. Elle n’avait aucune solution si ce n’était qu’obtenir des chevrons. Des chevrons ? Ned du passer une semaine - Il oublia rapidement le compte des jours pour tout dire – avant de pouvoir rencontrer le conseil des anciens du village soit des sages, surtout des femmes jeunes, mères ou vieilles. - De leur sagesse inconnue de Ned - lui firent comprendre qu’on ne donnerait pas d’armée à un gringalet comme lui pour avoir des chevrons. Ce fut Yaïza, la jolie noire, une jeune femme qui semblait tenir étrangement à lui qui lui traduisit le refus catégorique du conseil. Elle lui fit aussi comprendre que pour retourner chez lui, il devait accumuler tous les chevrons disponibles qu’il n’y avait pas d’autre solution. Elle ne savait pas combien n’ayant jamais voulu partir d’Oblivion.
- Yaïza, ne pourrais-je pas tenter d’avoir les chevrons par moi-même ? Ce ne doit pas être si difficile.
Demanda-il à la demoiselle une fois qu’ils étaient seuls dans sa tente un soir.
- Non. À moins que tu veuilles te faire tuer et … Tu es beaucoup trop beau pour cela.
Il sourit maladroitement à ce compliment. Ses joues rougirent. Qu’est-ce que Carolyn penserait de lui si elle le voyait comme cela, torse nu, près d’une autre fille qui le déshabillait du regard ?
- Pourquoi veux-tu retourner dans ton monde ? J’ai entendu parler que beaucoup de perdus de la jungle restaient ici. Enfin, ce n’est pas si mal ici … C’est ma maison, c'est où j'ai toujours vécu, et on y est bien.
- Parce que j’ai une famille … Enfin, elle me déteste, mais … J’ai aussi des amies et une petite amie qui …
Yaïza fit la moue sortant la langue à cette dernière révélation. Elle lui fit bien comprendre que sa petite amie n’était pas ici et … Et qu’elle était amoureuse de lui depuis le premier jour. Puis, pour elle, les hommes n'étaient pas sensés avoir de remords pour une deuxième femme voir plus envers la première. Pour Yaïza, Ned était mieux que tous les autres toutefois. C’était comme s’il fut l’homme descendu du ciel pour elle. Alors que ses lèvres se rapprochèrent des siennes, Ned prit vraiment peur. Cette fille avait trois ans de plus que lui et venait de ce monde auquel il ne connaissait rien. Certes, les lèvres diablesses s’approchaient et s’approchaient jusqu’à se sceller aux siennes. Il ne fut pas capable de les en éloigner et rapidement ils furent nus tous les deux peau contre peau. Edward en oublia sa position précaire, son véritable monde, sa vie entière pour se glisser dans celle d’Yaïza. Ils ne faisaient qu’un à cet instant précis. Ils oublièrent tout pour le bonheur.
Les jours voir les semaines et les mois suivants Ned dut apprendre à vivre dans ce monde qu’était Oblivion pour pouvoir y survivre et peut-être réussir à avoir des chevrons retournant, ainsi, peut-être dans le sien. Il apprit quelques rudiments de la langue des natifs discutant avec des jeunes hommes de son âge de ses passions telle l’était la musique alors qu’eux lui apprirent la chasse, le dépeçage des bêtes, la guerre et la fabrication d’armes et bien d’autres choses encore. Longtemps, Edward se fit passer pour un total cancre au tir à l’arc. Il décida, un jour, à se fabriquer une dague en fer et devint l’un des meilleurs jeunes chasseurs du clan ce qui rendit jaloux la moitié de ceux-ci et conquit l’admiration de l’autre. Le jeune homme n’en oubliait pas moins sa véritable maison. Il lui était arrivé de pleurer seul dans sa tente le soir … Qu’est-ce que Carolyn faisait en ce moment ? Et grand-père … Le violon lui manquait et pas moyen de s’en fabriquer un ici. En tout cas, il essayerait probablement encore se trouvant de plus en plus un idiot de première comme sa belle-mère aimait le supposer. Non ! Elle ne gagnerait pas. Pff ! Elle devait être heureuse en ce moment croyant s’être débarrassé de lui à jamais. Au moins, cette pensée le fit rire.
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Il passa plus de temps en ce village qu'il l'aurait voulu au départ. Edward Gates faisait, au bout de ces huit mois, presque partie du clan. Il avait des amis et une personne en qui il tenait énormément soit Yaïza. Il se faisait vites aux coutumes des ses hôtes hormis une : Ned était jaloux à chaque fois que Yaïza passait du temps avec un autre garçon. Entre autres choses, cela le ramenait toujours à Carolyn et sa vie. Jamais, il ne pourrait faire véritablement partie de ce clan. Jamais. Il ne serait jamais un Chieresque. Un membre du conseil dut, en ce sens, l'observer longuement à son insu, car elle vint le voir un jour à la brunante. Ned se surpris véritablement de la compassion que lui vouait la vieille femme et se demandait bien si elle ne lisait pas dans ses pensées: pas besoin avec lui. Cela l'agaçait toutefois. Sans vergogne, il lui lança ne jamais être un Chieresque de sa vie et ... Et voudrait retourner chez lui, mais ne pouvait pas. Coupable de s'être emporté de la sorte, il avait baissé le regard. Certes, la dame ne fit que sourire. Alors, elle lui promit de discuter de cela. Qu'on le connaissait bien. Qu'il n'était pas stupide malgré en avoir l'air par ses attitudes opportuniste et téméraires. Ned ne dit rien quant à ces derniers termes, mais marmonna longuement dans sa barbe. « Je suis stupide maintenant » songea-il boudeur.
Cela ne prit pas trois jours pour que la décision des anciens soit prise. Edward aurait droit à une escorte armée de 10 hommes et de Yaïza, car apparemment personne ne pouvait la séparer de lui, pour aller au Zeus Olympien. S'il réussissait à avoir un chevron sans la perte d'aucun membre de l'équipe on verrait pour la deuxième épopée sinon ...
- Il n'y aura pas de sinon Ned. On va réussir. Pour toi.
- Je pensais que tu voulais que je reste ici Yaïza. Pourquoi, tout à coup, tu veux absolument m'aider ?
- Parce que je t'aime et ... Bien, je crois que c'est la chose à faire.
Sourie-t-elle déterminée en lui apposant un petit baiser sur la bouche comme elle aimait le faire. L'aventure commençait. Un mois durant malgré que certains savaient que cela en avait pris deux on marchait à travers la jungle. Ned en apprit alors beaucoup sur les pièges que la nature laissait tomber. Il n'oublia jamais ce qu'un homme du groupe lui dit une fois alors qu'ils observaient ensemble en éclaireurs les lieux: « La nature est reine. Elle a toujours vécue et vivra toujours. Nous ne sommes que de la poussière pour elle. Respecte la nature et elle te respectera. »
L'expédition arriva enfin en vue du Zeus Olympien. Il était gigantesque malgré que, étrangement, on ne le voyait pas au couvert des arbres. On apercevait les panthères de loin. Comment les passer ... Non ! Ses poings se serrèrent et l'image de Carolyn dans sa tête, Ned se détermina davantage. Deux jours plus tard, on avait décidé de laisser sept des 10 hommes distraire les deux panthères alors que Yaïza, les trois hommes restant et lui-même passeraient dès que les animaux sortiraient. Ned n'avait pas peur. Il n'avait pas droit à la peur. La première étape fut réussie et ils passèrent les panthères occupées par les lances et les flèches de leurs compagnons. Nos quatre compères se retrouvèrent à l'ombre du Zeus Olympien. Ils firent alors là une grosse erreur choisissant de se séparer. 10 minutes ... 10 minutes et on était entourés courant pour trouver la sortie. De nouveau réunis, on trouva subitement les deux panthères sur le chemin. Elles grognaient sur eux alors que les autres créatures barraient l'arrière. On mourrait là ... Sans avoir vraiment combattu ... C'était injuste ! Le pouls de Ned s'accéléra, la colère gronda en lui. Non ! Cela ne se pouvait pas. Il ne mourrait pas comme cela !
Un homme décida donc de distraire à nouveau les panthères. - Oui là où leurs compagnons avaient probablement échoué. - Ne sachant pas trop quoi faire, Ned resta un moment planté là. « Non, Tu dois venir avec nous » songea-il simplement incapable de prononcer les mots. C'était lui qui avait raconté pour la nature maîtresse de ce monde. Lui qui avait tant appris à notre jeune homme. Non !
- Fuyez bougre d'imbéciles ! Je vais les retenir !
Ned avait décidé de rester toutefois. Il sortit sa dague en fer et ... Et l'un de ses compagnons le tira par le bras et on se mit à courir, courir, courir ... Ce n'était qu'après avoir franchit une petite rivière loin de la merveille qu'on s'arrêta. On avait échoué. Huit hommes étaient morts. « Morts à cause de moi » se rendit alors compte Edward. Il ne parla que rarement pendant le trajet du retour. En fait, Yaïza était presque la seule qui arrivait à le faire vraiment rire.
En vérité, Edward avait déjà pris la décision de quitter le village à leur retour. Le conseil des anciens ne voudrait plus jamais l'aider maintenant qu'il avait échoué dans sa tentative d'obtenir le chevron du Zeus Olympien. Il perdit huit hommes dont celui le plus remarquable à ses yeux: celui qui lui en apprit le plus sur cette jungle et Oblivion tout entier. Un ami. Dès leur retour au village, Ned ne prit donc pas le temps de voir le Conseil des anciens et leurs mines déçues quant à sa stupidité. Il était un idiot. Parfait ! Il quitta le clan dans la nuit avec le peu d'effets matériels obtenus durant cette dernière année en Oblivion. Des larmes coulaient le long de ses yeux. Fier, il n'avait pas voulu voir Yaïza. Elle l'aurait empêché de quitter. Il continuait à courir sa dague toquant contre sa cuisse. Cette dague qui, il espérait, lui sauverait la vie dans cette jungle inhospitalière. Il n’avait que peu d’aptitudes en la matière, mais personne ne voulait de lui dans ce monde ni dans l’autre même. Pourquoi était-il tombé sur Oblivion si son monde d’origine avait voulu de lui ?
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10 ans passèrent sans que Ned ne trouve le courage de revoir le clan et Yaïza. Les premiers mois seuls furent difficiles, mais il survécut. Il devint un fort gaillard élancé, au torse musculeux. Loin au cœur de la jungle, près d’un ruisseau, il s’était bâtit une petite cabane en bois. Il réussit même, après maintes essais et erreurs, à former une boîte de bois ressemblant à un violon sur laquelle il posa des cordes en nerfs. Avec un bâton, il fabriqua un archet. Edward William Gates tentait de ne jamais penser à sa situation, au fait qu’il était seul … Il vivait au jour le jour. Certes, il le savait. Il était abandonné de tous. Il songeait encore, parfois, à Carolyn ... Plus qu'à Yaïza même. Il ne savait pas pourquoi. Carolyn celle qu'il avait abandonné. De plus en plus sauvage, il en oubliait souvent son but : trouver les chevrons. Il cherchait à passer les panthères seul ... Rien. Il lui fallait avoir un groupe. Certes, il n'y avait jamais personne dans cette foutue jungle. En fait, il ne savait même pas ce qu'il voulait dorénavant.
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