Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns !

La vie, un long fleuve tranquille ? En effet, c'est assez plausible. Je suis née dans une famille britannique vieille comme le monde, avec les traditions qui vont avec et le petit hé à dix-sept heures. Je suis fille unique .. bon pas exactement, mais c'est une histoire compliquée. Voyez-vous, la sœur de mon père, ma tante, est morte lors d'un tragique accident de voiture. C'était lors d'un voyage en Italie pour tout vous dire. Et elle venait à peine de mettre au monde un petit bout dénommé Sanjana. La petite fille s'est naturellement vu confiée à la personne la plus proche au niveau familial, et c'était mon père. Le sien, on ne sait pas d'où il venait, et je crois qu'il ne l'avait même pas reconnu officiellement. Bref, Sanjana avait deux ans de moins que moi, et elle a été éduquée comme ma propre sœur, si ce n'est qu'officiellement, c'est ma cousine. Mais pour nous c'est pareil.
Mon père travaillait au gouvernement. Il rédigeait des lois et parlementait avec les autres. Ma mère avait son propre cabinet de psychiatrie. Je vous laisse deviner la suite : nous ne manquions pas d'argent ou de relations. J'ai toujours eu ce que je voulais sans pour autant devenir une fille à papa pourrie gâtée. Dans la famille, il y avait des principes et une éducation de fer. Hors de question de faire une comédie pour un malheureux jouet dans un supermarché ! J'ai donc appris à jouer de la flûte traversière et du piano, j'ai fait de l'équitation et j'ai même pu faire les championnats de Grande Bretagne.  Une consécration, car l'équitation rythme toute ma vie. Ma scolarité, je l'ai passé intégralement dans le privé, comme Sanjana. Nous avions des bases fortes et solides, et j'ai eu mes diplômes sans aucun souci. C'est ainsi que j'ai pu intégrer Oxford, pour la plus grande fierté de mes parents. Je suis partie directement dans le cursus qui me plaisait, l'anthropologie. Mes parents m'ont toujours laissé libre de mes choix. J'en étais à la troisième année quand j'ai quitté l'Egypte pour Oblivion.  
C'était pour un stage sur le terrain. Mon père avait fait jouer ses relations pour me l'obtenir. J'étais une des seules à quitter l'île. Là bas, je me suis éclatée comme une petite folle. J'ai fait plein de rencontres, des photos souvenirs à n'en plus finir et des étoiles de rêve plein les yeux. Quand nous nous sommes rendus à la pyramide, j'ai senti que quelque chose différait. Pourtant, j'étais fascinée. Puis ... trou noir ! Je ne sais pas comment mais je me suis retrouvée à Oblivion. Le paysage était sublime et le climat plutôt sympathique comparé au désert égyptien ! Directement, la troupe s'est mise en marche sur une espèce de chemin déjà tout tracé. Directement le Mont Céleste qu'ils disaient. Moi je les ai suivi sans dire un mot. J'observais absolument tout ce qui se trouvait autour de moi. Puis nous sommes descendus au village et j'ai perdu la trace de mon groupe. J'ai fait la connaissance des Chieresques. Ils ont été très intrigués par ma couleur de peau et ma façon de m'habiller. Je crois que je leur ai fait bonne impression. Bref, ils m'ont expliqué la quête des chevrons, les lieux, le mode de vie. Tout ! Je me suis fait des amis et d'autres m'observent encore comme si j'allais les capturer. Mais je me sens bien ici.   
Désormais, je reste dans le clan du Glorieux Crépuscule. C'est là que certains de mon groupe ont trouvé refuge. Je m'entends très bien avec eux, en particulier avec l'un du clan. Il est magnifique et tellement charismatique ... ! Bientôt, je vais partir pour ma première quête. Là, ils m'entrainent encore, m'expliquent, m'apprennent. C'est un peuple dévoué. Je ne suis pas sûre de vouloir repartir. Mais je veux faire cette quête. Je veux me voir orner de ces tatouages si précieux. Et je veux être maitresse de mon destin. Je veux pouvoir décider de rester ou de partir. Et s'il partait avec moi .. Pour l'instant, la question ne se pose pas. Et je suis heureuse ici. Je n'ai pas nécessairement l'envie de repartir tout de suite.

citation

 Comment étais-je arrivée là ? C'était un mystère qui restait entier, même pour moi. J'avais quitté le petit village tôt dans la matinée, si somme toute nous étions bien à ce moment de la journée. Puis, j'avais marché, exploré. Je trouvais ce monde tellement fascinant que je n'avais pas pris aux sérieux les avertissements de mon camarade, qui me disait de ne jamais partir seule. Mais là, quelque chose m'attirait sans que je puisse me défaire de son étreinte. Sans la voir, je passai devant une pancarte et découvris devant moi un silence pesant, mystérieux. Havre de Piété ? M'y voilà peut-être. Les Chieresques m'en avaient parlé et peut-être que je venais d'entrer dans cette ville effacée.

Il n'y avait personne, ni aucun bruit. J'avais envie de tousser mais je n'osais le faire, par crainte que quelqu'un surgisse derrière moi, ou de troubler le repos d'une âme égarée. Je ne sais toujours pas aujourd'hui pourquoi je pensais ainsi. Je pénétrai ainsi dans la ville, tachant de faire le moins de bruit possible. J'avais envie de crier «Y a-t-il quelqu'un ?» mais aucun son ne sortait de ma bouche. J'observais les lieux calmement, même si mon cœur battait à tout rompre.

Une cabane un peu bancale attira toutefois mon attention. La porte bougeait sans qu'il n'y ait trace de vent. Aucun doute, il y avait quelqu'un là dedans. Et, pauvre humaine que j'étais, ma curiosité s'empara de ma rationalité et je poussai le battant dans un brave silence, retenant ma respiration. J'entrai dans une pénombre surnaturelle. Une aura mystique semblait flotter par ici. Je continuai à pénétrer d'avantage dans cet endroit. De la poussière enveloppait les meubles en bois, mais je remarquais au sol des traces. De la boue ou la véritable couleur du parquet humide ? Toujours est-il que quelqu'un était entré avant moi. Mon instinct ne m'avait pas trompé, je n'étais pas seule.

Je portai la main vers ma ceinture, dans laquelle se trouvait un couteau fournit par mon ami Chieresque, et le sortit discrètement. Je levai le bras et avançai prudemment dans l'enceinte de l'habitat. Je poussai une étoffe tendue et retins un cri. Ce n'était qu'un pauvre anthropoïde qui cherchait sans doute de quoi se nourrir. Mon cœur rata un battement, et je sortis presque en courant de la cabane. J'avais eu peur d'un singe !

Je soufflai un bout coup et repris ma marche, les sens bien en éveil, entièrement réveillée à présent. Je ne sentais plus cette aura mystique en moi, je me trouvais libérée. J'avançai vers le nord de la ville, couteau toujours en main, par précaution. Et c'est là que je la vis. Cette femme semblait autant perdue que moi, mais ses vêtements paraissaient familiers. Des vêtements de mon monde. Je m'approchai alors.

- Qui êtes vous ?

Ce n'était peut-être pas la meilleure façon d'approcher quelqu'un, mais elle me semblait aussi inoffensive que moi. A la seule différence que j'avais encore mon couteau à la main, que je rangeai dans un sourire amusé. Puis je me rendis compte que j'avais parlé à voix haute dans cette ville fantôme. Je fus prise d'un petit coup de stress mais voyant que rien ne se produisait, je me détendis, attendant de faire la connaissance de cette humaine inconnue.