C'est l'histoire de la vie

Chapitre 1 ♣ Le début d'une vie

 Elle n’était pas courageuse et encore moins intrépide. Elle n’était pas une guerrière, encore moins une fille indépendante.
Quand Esther Delmas naquit en 12 janvier 1988, elle n’était pas la première enfant de ses parents Albert et Madeleine Delmas. Avant elle, était né dix ans plus tôt, un frère, Alexandre Delmas, qui depuis l’âge de trois ans, nourrissait la même passion que ses parents, pour l’histoire et l’archéologie. Albert et Madeleine s’étaient rencontrés sur un chantier de fouille, dans le sud de la France, tous deux travaillaient pour le Louvre et donc, quand ils n’étaient pas en voyage, ils résidaient sur Paris. L’amour naissant, ils se marièrent, mais malheureusement, pour ces deux personnes qui aimaient les enfants, les fausses couches se succédèrent, jusqu’à ce que Madeleine mette en monde, après six ans de mariage, un fils. Ce fils, ils l’appelèrent Alexandre, leur héro d’histoire, favoris. Avant même de savoir marcher, Alexandre prit goût aux chantiers de fouilles. Bien sûr, il ne sortait pas des os, ni des trésors, mais ses parents le gardaient sous leurs yeux et le laissait jouer dans la terre et la boue, pour le plus grand plaisir du petit garçon. Les années s’écoulèrent et le petit Alexandre se passionna de plus en plus pour l’archéologie, suivant ses parents jusqu’au bout du monde.
Alors qu’elle ne pensait plus avoir d’enfants, Madeleine apprit en mai 1987, qu’elle était à nouveau enceinte. Cette grossesse se déroula avec beaucoup de difficultés, si bien qu’elle dut arrêter toute activité, pour prendre soin d’elle. Durant ces longs mois, le couple Delmas vécut dans la peur et se fut avec soulagement, qu’ils accueillirent la petite Esther. Cette naissance fut l’objet de nombreuses déconvenues. L’enfant avait un problème cardiaque, qui nécessité beaucoup d’attention et du repos. Une opération était programmée, mais elle ne devait pas avoir lieu avant les deux ans de la petite fille. Au grand damne du petit Alexandre, Esther fut une enfant surprotégée. Madeleine mit de côté sa profession et durant ce temps Alexandre fut privé de voyages et de chantiers de fouille. Il en tiendra, durant plusieurs années, rigueur à sa cadette, qu’il détestait au plus haut point.
De ces deux premières années de vie, de son opération, Esther n’en a aucun souvenir et personne ne lui en parlera par la suite, pour effacer à jamais les années d’angoisse. L’opération fut un succès, mais pour Madeleine, qui était une mère de quarante-cinq ans, il était temps pour elle de vivre pleinement sa vie de mère. Tout en continuant à travailler pour le Louvre, elle mit de côté sa vie d’archéologue de terrain, pour travailler dans les laboratoires. Albert était le seul à voyager, mais lui aussi finira par mettre entre parenthèse cette vie, pour mieux s’occuper de son fils et de sa fille.

Chapitre II ♣ Se reconstruire

Esther avait onze ans quand sa vie bascula. Jusqu’à ce jour funeste, elle vivait heureuse, comme n’importe quelle fillette de son âge. Elle partageait des moments avec ses proches et son unique préoccupation était de bien travailler à l’époque. Cependant, Esther n’avait jamais eu beaucoup d’amis, mais elle se plaisait ainsi. Contrairement aux autres enfants, elle était calme, timide et préférait dévorer des livres, plutôt que de jouer à des jeux vidéo, ou Dieu sait quoi. Elle avait pour meilleure amie, la jeune Claire, une fillette aussi calme qu’elle et les deux enfants allaient très souvent jouer ou dormir chez l’une ou chez l’autre. Alexandre lui avait vingt et un ans, il était adulte et avait suivi la voie de ses parents, en allant étudier dans le sud de la France l’égyptologie. Avec le temps, le jeune homme avait fini par aimer et surprotéger sa petite sœur et tous les deux regrettaient de ne pas se voir souvent.
Elle avait onze ans, quand ses parents décidèrent pour la première fois de partir en mission de repérage en Thaïlande, pour aller fouiller un nouveau temple qui avait été découvert dans la jungle. Cela faisait plusieurs années qu’ils n’étaient pas repartis sur le terrain et maintenant qu’Esther était grande, ils s’accordaient ce petit voyage, mais avec la crainte de laisser leur fille chérie. Les au revoir furent chaleureux et Esther repartie chez elle, en compagnie de sa grand-mère, qui allait la garder pour la semaine.
Elle avait onze ans, quand un matin, à la télévision on annonça le crash de l’avion Paris-Thaïlande. Il n’y avait aucun survivant. Ce fut sa grand-mère qui lui annonça la tragédie, tout en ajoutant que son frère avait pris un train, pour revenir aussitôt sur Paris. Esther resta muette, elle ne pleura pas et cela dura pendant trois longues semaines. L’enterrement, les démarches administratives concernant sa garde, Esther ne se préoccupa pas de tout le cela, elle restait concentrée sur ses livres, ne cherchant pas à communiquer avec ses proches, pas même son frère qui finit par repartir. Esther était en attendant sous la garde de sa grand-mère, qui même si elle était très âgée, ne voulait pas abandonner sa petite fille, dans une famille d’accueil.
Au bout de trois semaines, Esther se mit à reparler, fixant de ses grands yeux bleus sa grand-mère, elle lui demanda :

« Est-ce qu’Alex va revenir ? »  Et sa grand-mère le lui promit.

Quand Alex revint après une autre semaine d’absence, Esther le serra contre ses bras et lui dit que maintenant tous les deux allaient devoir s’occuper l’un de l’autre. Ils se voyaient peu, mais communiquaient en s’envoyant deux fois par semaine un colis. Parfois Alex envoyait à sa sœur des objets pour compléter sa collection de fée, ou encore celle qu’elle avait commencé avec des livres, ou de vieilles pierres, qu’elle adorait regarder et entasser dans sa chambre. De son côté, Esther lui envoyait des pâtisseries, qu’elle faisait avec sa grand-mère, parce que toutes les deux pensaient qu’il ne pouvait que mourir de faim sans leur cuisine, ou encore des objets du quotidien, qu’elle aimait commenter dans de longues lettres. La vie allait ainsi. Les Delmas se reconstruisaient, puis un jour, Alexandre termina ses études et il revint vivre à Paris, prenant pleinement la garde de sa jeune sœur, qui avait maintenant quatorze ans.  

Chapitre III : Bienvenue en Oblivion
Passionnée de livres, il fut donc normal qu’à l’âge adulte Esther vive à leurs contacts. Elle s’était beaucoup cherchée, ne trouvant jamais sa voie, jusqu’à ce qu’elle se dirige vers les livres et manuscrits anciens, qu’elle adorait déchiffrer. Elle enchaîna les stages dans les petites bibliothèques, avant de trouver à l’âge de vingt-deux ans un emploi permanent à la bibliothèque nationale de France. Esther était heureuse et depuis la mort de sa grand-mère, elle vivait dans sa petite maison parisienne, en compagnie de son frère, quand il était là. Les deux Delmas n’avaient pas trouvé chaussures à leurs pieds. Alexandre avait bien quelques relations, mais rien de concluant. De son côté, Esther et sa timidité maladive ne trouvaient personne et cela lui plaisait ainsi. Le frère et la sœur avaient leur routine, une vie tranquille chargée d’histoire et de souvenirs. Esther adorait son frère et pour elle, il était sa stabilité. Quand il partait elle était perdue, elle se sentait beaucoup moins forte. Or du jour au lendemain, la jeune femme allait tout perdre.
C’était un énième voyage en Egypte, une habitude pour le duo, qui ne serait séparé qu’un mois. Alexandre avait une mission et ils communiqueraient grâce à internet. La première semaine se passa bien, même si Esther était effrayée de se retrouver seule à Paris, elle parlait tous les soirs à son frère, pour se donner du courage. Puis, au bout de huit jours, elle n’eut plus de nouvelles. Esther attendit deux jours, tentant à chaque heure de joindre son frère, en vain. Elle angoissait et finie par appeler le chef de mission qui lui indiqua que son frère avait disparu. La crise qui s’ensuivit fut violente et Esther mit une semaine de plus, avant d’avoir le courage de prendre un billet et de s’envoler pour le Caire. Elle se rendit sur le lieu des fouilles, au commissariat du Caire, mais rien ne lui permit d’avoir une preuve de vie de son frère. Tout le monde lui disait qu’il avait été victime de terroristes, elle n’y croyait pas.
Quelques jours plus tard, la jeune femme rencontra James McAllister dont les parents avaient disparu, quand il était enfant. C’était à Gizeh, Esther se laissa convaincre de le suivre, avec un petit groupe, pour partir à la recherche de leurs proches. Étrangement, tous avaient perdu quelqu’un, comme elle. Esther était rassurée et ne plus être seule lui permis d’avoir plus de courage, cependant, elle ne put s’empêche de ne pas être inquiète. Dix jours, il fallut dix jours pour trouver un passage, Esther n’en croyait pas ses yeux et plus que jamais elle avait peur. En ce lieu étrange, la végétation était dense, telle une jungle. La jeune femme se doutait bien que si son frère avait découvert ce lieu, il devait être ici. Elle pleurait, elle avait peur, mais ses compagnons de route la rassurèrent. Enfin, elle allait pouvoir retrouver Alexandre. Ne pouvant plus faire demi-tour, ils continuèrent. Les jours s’écoulèrent, sans qu’ils ne trouvent leurs proches. Des personnes disparaissaient, renforçant un peu plus la crainte de la jeune femme qui se demandait bien ce qu’elle faisait ici. Ils finirent dans un village, le village des Orphelins comme tout le monde l’appelait. Pour la première fois depuis son arrivée en Oblivion, elle se sentait rassurée, d’autant plus qu’elle avait eu la chance de pouvoir occuper son temps en déchiffrant de vieux livres abandonnés.

la découvert de mon paradis

 Suspendue dans les arbres, touchant les feuilles et les lianes, elle observait ce monde de feuillage qui s’offrait à elle. Esther avait pensé pouvoir retrouver son frère, dans ce village dit « des orphelins ». Elle avait cru mettre fin à son cauchemar, mais Alexander n’était pas ici, comme de tous les endroits, qu’elle avait vu jusqu’à maintenant. Elle désespérait et ne penser pas pouvoir le revoir un jour, ni sortir de cet endroit. Elle était trop sotte, comment pouvait-elle prendre le peu de courage qu’elle avait, pour résoudre des énigmes et partir au-devant du danger ? Esther ne savait même pas comment elle avait pu quitter sa bibliothèque parisienne, pour venir jusqu’en Egypte, rejoindre un groupe et se retrouver dans cette jungle infernale. Elle avait pleuré les premiers jours, mais aujourd’hui, elle n’avait plus la force de le faire, préférant se lamenter sur son sort et ne rien faire. Elle était inutile, elle ne savait pas chasser et l’orientation, elle ne savait même pas où se trouvait le nord. Elle restait donc là, au sommet des arbres, attendant patiemment qu’un évènement la conduise à son frère.
Elle avait sa propre cabane perchée, qu’elle ne quittait guère, elle préférait se laisser bercer par le vent et se laisser vivre, comme une âme en peine. Son comportement avait tendance à agacer ses compagnons, qui n’aimaient pas son activité. Pourtant, la jeune Esther n’allait pas tarder à trouver une utilité à son existence, dans le village des Orphelins.

« Esther vient voir, je pense que ça pourrait te plaire. » Disait une jeune femme, qui venait de passer la tête à l’une des fenêtres, surprenant la Française, qui était en pleine période de végétation.

Elle la suivit, prenant garde à ne pas tomber, sur les différentes planches. Maladroite comme elle était, ce village suspendu était synonyme de mort pour elle. Prudente, elle stoppa quand sa compagne d’infortune lui montra un endroit et lui indiqua d’entrer la première. Prudente à nouveau, elle poussa la porte et là, elle découvrit son Paradis. Des livres par centaines, recouverts de poussière, mais peu importe, il y avait des livres. Elle posait les yeux partout où elle pouvait regarder. Enfin le nœud qu’elle avait au fond de la gorge la quitta et elle se mit à pleurer de joie, tout en caressant ses précieux ouvrages.

« Merci. » Disait-elle en se tournant vers sa compagne d’infortune, qui la laissa alors, prendre possession des lieux.

Esther, une fois remise de ses émotions, passa la journée dans ce puit du savoir, à regarder un à un les titres des livres. Elle avait beaucoup de travail pour remettre en état ce lieu, à classer les livres selon leur sujet, selon la langue et surtout à les dépoussiérer. Il y avait du travail, mais au moins, elle avait pouvoir se rendre utile, déchiffrer les livres qui sont en langue morte et à rapporter, les informations, qu’elle avait pu trouver au reste du groupe. Alors qu’elle n’avait eu de cesse de se plaindre sur son sort, Esther avait retrouvé le sourire. Sa principale mission, trouver des informations et pourquoi pas, avec l’aide de celles-ci, retrouver son frère Alexandre, qui devait bien se trouver quelque part en Oblivion.

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