se battre pour protéger les siens

Le combat, inévitable, battait son plein. Il n’était plus temps de débattre et de réfléchir à la stratégie. Ambal avait fermement ordonné que tous les non combattants se mettent à l’abri. Charge à ceux qui se trouvaient en arrière de s’y soumettre. Après tout, il en allait de leur vie.
Il était impossible de veiller sur chacun d’eux, impossible aussi de les accompagner un à un dans le Temple. Briséis pria en une phrase Chiere de tous les protéger. Puis, déterminée, elle porta son attention devant elle. Elle ne pouvait plus se permettre de se retourner pour voir si chacun avait pu se mettre à l’abri. Car les attaquants étaient là.

Briséis était en première ligne avec d’autres de ses camarades – il y avait d’excellents combattants, ce qui la rassura – mais aussi quelques Etrangers. Tous ceux qui dormaient avaient maintenant rejoint les rangs et ils étaient en nombre pour accueillir leurs adversaires.
La jeune chasseuse avait commencé par tirer à l’arc à la vue des premières têtes qui passaient le haut de la muraille. A ses côtés, Penthésilée, mais aussi une jeune femme blonde qui venait de l’autre monde et qui s’était présentée comme Kriemhilde. Elle n’avait pas l’air de vraiment savoir se battre mais elle en voulait ! Elle réussissait à atteindre ses ennemis malgré des coups imprécis voire désespérés. Etonnement, elle sortira de cet affrontement indemne…

Mais la chieresque n’avait pas le temps de l’observer longtemps. Elle devait elle-même se concentrer sur les assaillants. Lorsque son carquois fut vide, elle s’élança avec témérité au devant des ennemis, dague au poing. Elle savait aussi se battre au corps à corps. Elle allait tout donner. Pas question de les laisser s’approcher du Temple.
En un bond, elle mit à terre un gars mais se retrouva rapidement submergée par quatre autres adversaires. Elle parvint à en blesser deux rapidement mais dut encaisser un coup de sabre à la cuisse droite. Elle serra les dents, assomma le troisième homme et entama un face-à-face avec le dernier. Il se battait bien. Briséis finit par l’avoir malgré tout, avec quelques bleus et égratignures. Sa plaie à la jambe en revanche était beaucoup plus profonde. Mais elle l’ignora et continua à lutter avec acharnement.

Les griffons s’étaient eux aussi élancés dans la bataille. Briséis savait qu’ils inspiraient de la peur chez les Etrangers. Tant mieux. C’était un énorme avantage qu’ils avaient et que les Chevaucheurs surent exploiter avec brio et finesse. Les assauts par les airs furent ainsi très efficaces. La jeune chasseuse admirait beaucoup les Chevaucheurs. Mais elle aimait trop la terre ferme pour se hisser un jour sur le dos d’un de ces magnifiques animaux.

Il était difficile de savoir le temps que dura l’affrontement. Briséis avait l’impression de se battre depuis plusieurs heures au moins. Elle ne ressentait pas – pas encore ? – la fatigue mais sa blessure en revanche commençait à rendre ses mouvements moins rapides. Heureusement, ils menaient largement le combat. Leurs attaquants finirent donc par sonner leur retraite.
C’était terminé. Pour aujourd’hui en tous cas. La pluie avait éteint le feu et lavait les corps de la poussière et du sang qui les maculaient. Briséis ferma un instant les yeux, le visage vers le ciel. C’était fini. Elle expira longuement. A cet instant, sa jambe la lâcha et elle ne put retenir sa chute. Elle tomba à genoux.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux,  assise dans la boue, elle ne put que constater l’étendue du massacre. Les plantes étaient calcinées, le temple avait aussi subi de lourds dommages. Les morts jonchaient le sol de la cour. Des ennemis, mais aussi des amis…

La tête lui tourna un peu. Etait-ce le sang qu’elle avait perdu ? Ou bien juste l’adrénaline qui retombait ? Briséis distingua un groupe qui se formait un peu plus loin. Elle y vit les Prêtresses du Temple. Elles allaient surement être emmenées ailleurs ; elles ne pouvaient pas rester ici. C’était trop dangereux. Et puis il y avait grand besoin de réparer le bâtiment.
Soudain, un cri. La gardienne ? Elle hurlait au vol. Vol de la Pierre ? Impossible. Qui ? Briséis voulut se lever mais ses jambes refusèrent. Elle avait d’importants vertiges tout d’un coup. Elle se sentit faible et s’effondra par terre. Dans un bref instant de lucidité, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas bu ni mangé depuis…depuis hier ? Vraiment ? Les paupières lourdes, elle se laisse sombrer dans l’inconscience.
 

Not all who wander are lost. Or not.

C’était le bordel complet. Mais vraiment. On se serait cru dans l’un de ces films blockbusters que Rosemary détestait tant. Le feu qui continuait d’amplifier et personne ne semblait s’occuper de l’éteindre. Ça partait dans tous les sens, les gens courraient, les gens hurlaient. Et Rosemary avait envie de disparaître. C’était un cauchemar, une blague, une illusion, une hallucination. Mais non. Non. La faim qui grondait dans son ventre et la fatigue qui commençait à se faire sentir étaient bien réelles. Plus que réelle.
Alors Rose se cacha dans un coin, parce qu’elle ne savait pas vraiment quoi faire, ni agir, au bord de la crise de panique, la jeune femme se recroquevilla, attendant peut être de se réveiller. Elle resta comme ça, au début, les yeux fermés, à écouter les cris de la foule, le crépitement des flammes, l’horreur. Finalement elle aurait du accepter cette lance, elle aurait eu l’air plus menaçante avec, et peut être qu’on l’aurait laissé tranquille. Peut être.
Combien de temps passa, avant que Rosemary n’ose ouvrir les yeux pour observer le champ de bataille . Beaucoup, ou trop peu, sans montre ni téléphone, la jeune femme était bien incapable d’estimer une durée. Tout ça pour dire que lorsqu’elle ouvrit les yeux à nouveau , ce fut pour voir un corps tomber juste devant elle;

“Fuck.”

Cri entre le glapissement et le feulement, Rosemary se dressa d’un bon pour s’éloigner du cadavre, de l’attaquant, de tout le monde, un peu raté puisqu’elle rentra dans un opposant. Bon. elle était vraiment vraiment dans la merde. Instinctivement elle évita le jeune homme qui était trop lourdaud, trop apeuré, peu confiant de ses capacités. Une fois, deux fois, au bout de la troisième fois, Rosemary envoya son poing dans la figure du jeune homme avant de le plaquer et au sol et de lui déboîter l’épaule. Merci Krav Maga, ce fut fort utile de suivre ces cours pendant 6 ans. Attrapant le couteau de l’attaquant Rosemary continua de se défendre, contre qui ? contre quoi ? Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle ne voulait pas crever ici, dans cette jungle pourrie, sans explications. Pas question, pas alors que sa vie commençait enfin à changer.

Ils commençaient à se retirer, ceux qui avaient lancé l’attaque, et Rosemary se laissa tomber au sol. Elle avait besoin de se reposer, elle avait besoin de se calmer. La jeune femme était à deux doigts de vomir, mais vomir quoi ? Elle n’avait pas mangé depuis des heures, ni bu depuis des heures. Dans quelques instants elle perdrait connaissance, elle le sentait venir gros comme une maison. Et puis, il y avait le sang. Le sien, et celui des autres. Surtout celui des autres. Ce n’étaient pas des vrais combattants, pas comme ceux qui semblaient garder ce temple, pas comme elle qui avait tenté de garder la tête hors de l’eau durant sa cohabitation avec Alexandre. Il fallait qu’elle se débarrasse de ce sang. Absolument. Alors Rosemary entreprit de frotter ses doigts et sa lame dans le reste d’herbe qui n’était pas brûlé. C’est là qu’elle aperçut la pierre. Elle n’était pas très grande, pas très imposante, mais Rosemary se sentit tout de suite attirée par elle. Sans réfléchir elle saisit la pierre et la fourra dans la poche de son short, cela ferait un beau souvenir...Si elle survivait.
Et puis soudain, quelqu’un vint briser le silence dans lequel elle s’était entourée. Kriemhilde. La blonde lui déballa un discours à propos de la pierre, comme quoi c’était la pierre des souhait et qu’il fallait qu’elle la rende. Mais là, tout ce que Rosemary entendait, c’était une voix insupportable, des mots dissonants qui lui donnaient envie d’hurler. On pouvait pas la laisser en paix cinq minute ? Pourquoi fallait-il que quelqu’un vienne la faire chier ? Elle venait de se battre pour SA vie, et elle avait surement sauvé la vie à d’autres personnes, dont la blonde vu son air un peu halluciné. Alors pourquoi venir la faire chier à propos d’un cailloux brillant ? Rosemary se leva pour toiser Kriemhilde, les bras croisés sur la poitrine, couteau bien en vue.

“Ecoute… Kriemhilde ? J’en ai rien à foutre de ce que tu raconte ok ? Je veux juste dormir. Me reposer. Et qui me dit que justement ? Tu n’es pas une mauvaise personne ? Si cette pierre est si importante, je vais la garder. Je l’ai bien mérité. Non ?”

Silence, elle fusilla du regard la jeune blonde avant de reprendre :

“Non. Franchement je te fais pas confiance. Je verrais ça à tête reposée, pour le moment fout moi la paix ok ? Si tu me suis, je te préviens j’aurais aucune pitié pour t’étriper. Demande à la nana là bas, elle pourra te dire combien je suis tendre.”

Coup de tête vers une femme étendue au sol, vivante ou morte ? Rosemary n’en avait vraiment plus rien à faire. Son cerveau n’était plus connecté et elle voulait juste se reposer. Vraiment se reposer.
Sans plus attendre elle dépassa Kriemhilde, la bousculant violemment au passage et entreprit de chercher un nouveau coin où personne ne viendrait l’emmerder jusqu’à ce qu’elle soit suffisamment remise de ses émotions pour qu’on lui explique ce qu’il se passait ici. Parce que ce n’était certainement pas le tournage d’un film.

Rosemary avait donc pris la pierre. Je ne savais pas quoi en penser, honnêtement, elle ne me paraissait pas méchante, juste perdue, comme moi, mais à un niveau supérieure puisqu'elle venait d'arriver il y a quelques heures à peine semblerait-il. Mais peut être que ce n'était qu'une apparence et qu'elle fait partie de ces égarés qui sont là depuis plusieurs mois, ou années. Elle ne me semblait pas assez vieille pour être ici depuis des décennies, mais peut être qu'elle est arrivée dans sa jeunesse. Cette hypothèse me semblait cependant impossible au vue de son langage et de son téléphone moderne au possible. Elle était peut être là depuis plus longtemps qu'elle ne le laissait entrevoir, peut être qu'elle avait fait exprès d'agir de la sorte. Je commençais à m'embrouiller l'esprit toute seule, je commençais à ne plus être lucide, parce que la fatigue s'emparait de moi de façon sournoise, à cause de bien des choses : le voyage, le combat, l'attente, le stress de la situation. Je ne voulais pas me montrer méchante, loin de là cette idée même. Mais la nouvelle arrivante ne semblait pas du même avis. Je n'avais pas fait tellement attention à elle durant la bataille, peut être qu'elle avait fait en sorte de s'en sortir sans trop de dégâts, peut être qu'elle avait lutté farouchement à mains nues puisqu'elle n'avait pas voulue de ma lance. Je ne savais pas, ayant été assez occupées à me sauver moi-même, je ne savais pas non plus si j'avais véritablement tué des gens, mais j'en avais blessés quelques uns à en croire le sans qu'il y avait par endroit sur mes vêtements. Il devait y en avoir un peu de moi également, je me rendais compte que j'avais une entaille sur le visage, rien de sérieux ainsi qu'une entaille au niveau du bras droit. En tout cas, Rosemary ne semblait pas vouloir me donner la Pierre pour que je la rende à la prêtresse qui criait au vol. J'avais tenté l'attaque directe par les mots, il allait falloir insisté, plus que prévu. Est ce que j'en étais seulement capable ? Je ne comprenais pas pourquoi elle me criait dessus de la sorte. Je ne faisais rien de plus que ce qui me paraissait juste. Mais elle se montrait étonnamment méfiante avec ma personne, trop alors que pourtant, je n'avais rien fait de mal, au contraire, j'avais même voulue l'aider en lui donnant cette lance.

" Je ne pense pas que tu la mérite plus que moi ou que quiconque ici. Cette pierre est dangereuse. Tu ne te rends pas compte que certains sont près à tout pour la récupérer, près à tuer qui se trouvera sur leur passage. Il y a eu beaucoup trop de morts aujourd'hui pour cette pierre. Il faut la rendre à ces propriétaires qui saurant la garder dans un lieu secret & sûr. Crois moi, je ne te veux pas de mal, je ne suis pas là depuis très longtemps non plus mais les chieresques sont de bonnes personnes, tu peux leur confier la pierre, si tu ne veux pas me la donner, chose que je comprends. S'il te plait, je n'ai pas envie que tu t'attire les foudres de tout le monde ici, tu ne le mérite pas. "

Mon discours avait été étonnament clair pour selon de ma fatigue mais quelques choses me dit que Rosemary ne va pas se laisser convaincre de la sorte, je le sens bien. Elle m'avait bien montré une jeune femme qui était étendue sur le sol. Etait-elle morte ? L'avait-elle tuée ? Je n'en savais trop rien mais si elle me répondait qu'elle voulait garder la pierre, alors je n'insisterais pas plus, mais une chose est sûre, je garderais un oeil sur elle. Si elle était arrivée récemment, elle ne comprendrait de toute façon pas les enjeux qu'il y avait avec cette pierre, et elle pourrait en payer le prix malheureusement. Si elle m'avait parue sympathique au premier abord, elle ne l'était plus à présent. Je n'avais rien fait pour que l'on me traite ainsi. Il ne faut pas croire qu'elle est la seule à être fatiguée, moi aussi je le suis mais pour une fois, j'essaye de ne pas me laisser trop aller. Il faut que je retourne au village des Orphelins, et pour cela, je dois repérer ceux avec qui je suis venue jusqu'ici sinon, on risque de me perdre au beau milieu d'Oblivion, comme c'est déjà arrivé quelques fois.

 

Ou comment s'amuser un peu pour récupérer une belle pierre de souhaits

C'est une déroute que nous subissons malheureusement. Cela ne me plait guère, je déteste cela mais je n'ai plus rien à faire ici, je dois retourner de là où je suis venue avec les hommes qui m'accompagnent depuis le début, cela est une nécessité absolue. Je suis furieuse, véritablement. Comment tout cela a-t-il pu se finir de la sorte ? Nous étions pourtant bien organisé, nous avions tout prévu mais pourtant, la pierre n'était pas en notre possession, pas encore, car ce n'était que partie remise, croyez-moi. Si je dois tuer celui ou celle qui l'a prise aujourd'hui, je n'hésiterais pas une seule seconde à le faire. La liste des personnes que j'ai tué en Oblivion est déjà longue, alors, si je dois en ajouter une, ça ne sera pas un problème loin de là au contraire, ce sera un plaisir, car cette personne a réussi à se jouer de moi, et je n'aime pas cela, pas le moins du monde. Mais la personne n'est sans doute plus là, tant pis, je saurais bien trouver qui l'a récupéré. Je pense que c'est un étranger qui la possède, car si un ou une chieresque l'avait récupérée, la pierre serait en la possession de la prêtresse et cela serait difficile pour nous de la récupérer rapidement mais au vue de ces cris et de ces lamentations, ce n'est pas le cas. C'est donc quelqu'un qui n'est pas avec nous, pas encore d'ailleurs qui a récupérer cette pierre. Un égaré arrivé ici par hasard ? Un Orphelin ? Non, pour ces derniers, vu leur solidarité avec les autochtones du coin, je ne pense pas qu'un d'entre eux la possède. Il reste donc ceux qui sont arrivés au compte goutte après ceux-ci. Ils ne sont peut être pas au courant de tout par ici et donc, ils ne pensent pas mal agir en gardant cette pierre avec eux. Si cette dernière hypothèse se révèle bonne, alors j'ai peut être la chance de convaincre la dite personne de rejoindre mon campement Nid-de-Vipère. J'observe les personnes en présence une dernière fois pour voir si la pierre n'apparait pas dans une main inconnue mais ce n'est pas le cas, alors je commence à rebrousser chemin, je sais où je vais mais apparemment, ce n'est pas le cas de cette rouquine qui vient me demander des renseignements. Peut être a-t-elle cru que j'étais une messagère ou je ne sais trop quoi. Pourtant, je n'ai pas la tête de l'emploi, alors je vais la renvoyer à ces études, sans pour autant me faire détester immédiatement. On ne sait jamais, au vue de ces questions, elle semble être ici depuis peu, peut être que je pourrais lui dire de venir avec nous. Peut être ce n'est pas impossible en tout cas même si je n'aime pas le jeune fille sortant de sa bouche. Elle est clairement plus âgée que moi, mais je ne suis plus une jeune première depuis longtemps. Je lui souris cependant même si pourtant, je n'en ai pas envie.

" Vous êtes en Oblivion madame. Vous venez d'assister à l'attaque d'un temple, chose commune dans le coin. Nous rentrons chez nous avec mes hommes, peut être voudriez-vous vous joindre à nous ? Sinon, bonne chance pour survivre ! "

Et sans attendre sa réponse, je reprends immédiatement la route. J'ai été vague mais je viens de répondre à ces questions. Si elle veut plus de réponses, elle n'a qu'à me suivre jusqu'à mon repère. Sinon, elle trouvera sans doute d'autres personnes pour la guider. Je ne suis pas dans ce genre là, mais je ne suis pas non plus contre de nouvelles vipères dans mon nid. Cette rouquine me semble un peu trop naïve, mais peut être qu'elle pourrait s'avérer précieuse, à elle de choisir.